Jeu :observez cette photo prise depuis le pont de l’Accademia, sur le canal Grande. Quelle anomalie pouvez-vous noter ?
Non, il ne s’agit pas d’un reflet étrange sur le canal, ni de la beauté miraculeuse de ces palais surgis des flots.
Le petit miracle de cette photo, c’est qu’elle est vide. Vide de barques, vaporetti, gondoles, taxis et autres embarcations à moteur ou à rame.
A l’aube, la ville est à vous, pourvu que vous soyez dehors. Avec un peu de courage, on met son réveil plus tôt, pour parcourir, seul, les calle, les ponts, les canaux.
C’est l’heure où l’eau est encore un miroir. L’eau est à peine ridée par les premières barques de transport, qui commencent à arriver, pour emporter le linge des hôtels et approvisionner les magasins.
Au Rialto, les fournisseurs s’activent déjà depuis un certain temps, car à 7h30, commence le marché.
C’est l’heure lumineuse où les rares sons se détachent encore nettement.
C’est l’heure où, vues des Zattere, les fenêtres de la Fondamenta de la Giudecca flamboient.
C’est l’heure où les mouettes se comportent comme des chiffonniers, à grand renfort de coups de becs et de cris d’intimidation.
C’est l’heure où les travailleurs de la mer prennent un café sur les Fondamente Nove, à la Marittima, Strada Nuova, ou encore chez Targa.
C’est l’heure des merles chanteurs dans les jardins invisibles.
A 7H00, la ville se réveille déjà, les cafés se remplissent, la valse des cappuccino, macchiato, macchiatone commence, le trafic devient soutenu dans les canaux, et les oiseaux de l’aube se confondent dans la foule quotidienne de Venise.